Si de nos jours, on évoque surtout les flux migratoires d’Afrique vers l’Europe, dans le passé c’était plutôt l’inverse. C’est le cas notamment des Italiens qui ont longtemps et pour diverses raisons choisi de s’installer en Tunisie.

En 1906, la communauté italienne comptait environ 4600 habitants à Sousse.

Beaucoup d’Italiens étaient viticulteurs sur des petites exploitations dans les environs de la ville de Sousse.
Le prix bon marché du vin en Tunisie au début du XXème siècle ne contribua pas à leur richesse.

Leurs qualités de travail et leur sobriété faisaient que les travailleurs italiens étaient très appréciés de leurs employeurs, même s’ils étaient âpres au gain et parfois jugés “prétentieux” du fait que les conventions de 1896 les mettaient théoriquement sur un pied d’égalité avec les Tunisiens et les Français.

Néanmoins, les pêcheurs, artisans et ouvriers avaient souvent des conditions de vie inférieures à celles des Tunisiens, et vivaient dans des quartiers où la salubrité laissait alors beaucoup à désirer.

communauté italienne en tunisie

L’histoire du quartier de CAPACE

Le Petit Capaci / Capaci Piccolo

C’était le quartier des pêcheurs et petits métiers autour de la Marine de Sousse.

Le quartier tire ses origines du nom de la ville sicilienne de Capaci, dont beaucoup étaient originaires, il était également appelé Capaci Piccolo (le petit Capaci).

Le Grand Capaci

Le quartier de Capace grande ou capaci grandi (le grand Capaci) fut construit plus tard sur les hauteurs de la ville. Appelé par certains le Trocadéro où s’installèrent ceux qui avaient un peu mieux réussi, les maçons, entrepreneurs et commerçants.

Il n’existait pas de rivalités de classe entre ces deux quartiers qui savaient se retrouver pour toutes les occasions de grandes fêtes chrétiennes ou autour de quelques parties de foot endiablées.

Une intégration des Italiens qui se passe plutôt bien en Tunisie

En 1881, la Tunisie accueille 10 000 Italiens
En 1881, la Tunisie accueille 10 000 Italiens

A Sousse, la seule langue européenne parlée avant le protectorat était l’italien.
Ainsi pour se faire comprendre ou enseigner, les sœurs de Saint-Joseph de l’apparition durent-elles parler italien.

Cependant on trouvait aussi parmi la communauté italienne une élite sociale fortunée et politisée fréquentant parfois aussi les milieux de la franc-maçonnerie à l’image du grand Garibaldi qui vécut exilé en Tunisie.
Quelques familles ayant souvent une charge consulaire ou des activités économiques prospères tentaient d’encadrer l’ensemble de leurs ressortissants.

Ces personnes avaient un fort sentiment d’italianiste, ils tentaient de former au mieux l’ensemble de leurs compatriotes en créant un grand nombre d’œuvres de charité, d’organisations culturelles, sportives et sociales. Des écoles fortement soutenues par le gouvernement italien furent créées.

L’école italienne sur l’avenue Krantz
L’école italienne sur l’avenue Krantz

Le Protectorat français, un frein pour la migration des Italiens en Tunisie

La rivalité constante des autorités italiennes et françaises fut un frein majeur au développement harmonieux de cette communauté italienne en Tunisie.
Ceux qui ont opté pour la nationalité française, suite au décret du 8 novembre 1921, le firent surtout par opportunité, car on leur proposait de meilleures conditions sociales. Dans l’ensemble, cette communauté fut peu touchée par l’assimilation française, mais elle n’augmenta que faiblement.

La fin du deuxième conflit mondial marqua la fin de l’application de leur statut particulier hérité des conventions de 1896. L’école italienne fut fermée, et on assista à une chute drastique du nombre des ressortissants italiens.
Certains ayant collaboré avec les troupes de l’Axe pendant l’occupation de la Tunisie par ces dernières en 1942/1943) furent expulsés en Italie.

Ceux qui restèrent furent très nombreux à se faire naturaliser, beaucoup en choisissant d’ailleurs la France comme pays d’accueil après l’indépendance de la Tunisie.


Comme vous l’avez constaté, autrefois, les Italiens venaient s’installer en Tunisie.
Malheureusement, de nos jours, des milliers de Tunisiens fuient notre pays en risquant leur vie sur des petites embarcations afin d’atteindre les cotes italiennes.

Dernièrement, ce sont des conteneurs italiens de déchets importés en Tunisie qui font scandale suite aux révélations de l’émission « les 4 vérités » de la chaine TB El Hiwar Ettounsi.
La douane du port de Sousse a saisi environ 120 tonnes dans plus 200 conteneurs de déchets ménagers, une activité qui ne respecte ni la législation nationale ni les conventions internationales.

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